Neutralité carbone

Source : Freepik

📖 Définition

La neutralité carbone représente l’équilibre mondial entre les émissions et les séquestrations de GES. Selon l’ADEME, ce concept ne peut pas s’appliquer à une autre échelle (territoire infranational, organisation (entreprises, associations, collectivités, etc.), produit ou service, etc.) que la planète ou les États coordonnés au travers de l’Accord de Paris.

Néanmoins, cette définition a été adaptée aux organisations/services et produits dans le cadre de la norme ISO 14068-1, qui spécifie les principes, exigences et recommandations concernant l’atteinte et la démonstration de la neutralité carbone. Elle repose sur une approche hiérarchisée qui donne la priorité aux réductions directes ou indirectes des émissions de GES et aux accroissements des suppressions de GES au sein de la chaîne de valeur, lesquels prévalent sur la compensation. Les réductions des émissions de GES doivent être effectives, ambitieuses et en accord avec une trajectoire de référence (de type Stratégie Nationale bas-carbone, Agence Internationale de l’énergie ou encore Science-Based target Initiative). Ces émissions doivent finalement être compensées à hauteur des émissions résiduelles de l’année en cours, via des mécanismes dédiés (certificats d’attributs environnementaux, type crédits carbone, garantie d’origine, Certificat d’énergies renouvelables, etc.).

D’autres organismes proposent également des approches différentes vis-à-vis de la neutralité carbone :

  • Parlement Européen : Équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone.

  • Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires (définition issue de la SNBC) : Équilibre, sur le territoire national, entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre, tel que mentionné à l’article 4 de l’accord de Paris, ratifié le 5 octobre 2016.

  • PAS2060 : Publicly Available Specification Carbon Neutrality (norme issue d’une initiative privée) publiée par le British Standard Institute, actuellement en phase de décroissance en raison de l’apparition de la nouvelle norme ISO 14068-1 sur la neutralité carbone. Très utilisée dans les pays anglo-saxons principalement, elle nécessite un bilan complet (ou seulement sur les scopes 1 et 2), une réduction des émissions de GES par rapport à la baseline et l’achat de crédits carbone de haute qualité ainsi que l’affichage public des informations clés. Elle peut être auto-déclarée, validée par un tiers ou certifiée. Les crédits de compensation du Label Bas Carbone français ne sont pas éligibles.

  • SBTI : Beyond Value Chain Mitigation (transition au-delà de la chaîne de valeur), encore en cours d’élaboration, cette recommandation de la part de SBTI incite les entreprises ayant soumis des cibles proches et net zéro à contribuer à la neutralité carbone via des achats de crédits carbone. Les lignes directrices sont encore en cours d'écriture pour déterminer les montants carbone à compenser et les autres modalités sur la communication notamment.

📖 Définition complémentaire

Contribuer à la neutralité carbone

Selon l’ADEME, les organisations peuvent contribuer à la neutralité carbone mondiale et non atteindre la neutralité carbone. Cette contribution peut passer par les 3 piliers de la Net Zero Initiative en respectant les principes de la NZI et en gardant comme objectif principal la réduction de ses propres émissions (pilier A de la NZI).

Les organisations peuvent notamment contribuer, ou participer, à l’atteinte de la neutralité carbone planétaire dans le cadre de financements de projets vertueux (piliers B et C de la NZI), en dehors de leurs chaînes de valeur, par un un retrait durable (ou d’un évitement) d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. On parle donc de “participation/contribution à la neutralité carbone planétaire/globale”.

La réduction des gaz à effet de serre au sein de la chaîne de valeur de l’entreprise doit être prioritaire par rapport aux actions de contribution climatique/carbone.

Synthèse :

La neutralité carbone vise à équilibrer, à l'échelle du globe, les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de l’activité humaine par des séquestrations de quantités équivalentes de CO2. L’APCC, l’ABC ainsi que l’ADEME recommandent de ne pas réaliser d’allégation de neutralité carbone à d’autres échelles que planétaire, supranationale ou nationale.

Il est préférable de parler de contribution à la neutralité carbone planétaire, les organisations, territoires et citoyens ayant pour rôle de chercher à réduire leurs émissions de GES, selon le GIEC.

⚠️ Pourquoi c’est important et que risque-t-on à utiliser ces termes de manière inappropriée ?

Un des enjeux autour des allégations de neutralité carbone à des échelles non acceptées par l’ADEME (ex : organisation, produit, service, transport, etc.) réside dans sa perception par le grand public, qui peut souvent manquer de connaissances pour comprendre correctement les messages transmis. Ainsi, il est possible que ces allégations laissent entendre au plus grand nombre qu’une organisation n’a pas d’impact sur le climat car elle est « neutre en carbone », alors qu’elle est responsable d’émissions de GES.

Si certaines activités sont présentées de manière abusive comme étant neutres en carbone, cela revient à prétendre qu’elles n’ont aucune incidence sur le changement climatique et donc qu’elles peuvent être réalisées sans limite. C’est évidemment faux.

C’est pourquoi l’APCC, l’ABC ainsi que l’ADEME recommandent de ne pas réaliser d’allégation de neutralité carbone à d’autres échelles que planétaire, supranationale ou nationale, afin d’éviter d’aller à l’encontre des constats du GIEC sur l’impact des activités humaines et l’urgence de réduire les émissions planétaires. L’ADEME a publié un avis faisant référence à ce sujet.

Les allégations de neutralité carbone trompeuses peuvent troubler le grand public, et l'empêcher de comprendre correctement les messages transmis, notamment en laissant penser qu’une activité n’a pas d’impact sur le climat car elle est “neutre en carbone”. La contribution à la neutralité permet donc de mettre en avant un effort, qui doit être justifié par des actions pour ne pas tomber dans le greenwashing.

☑️ Bonnes et mauvaises pratiques

Exemples de bonnes pratiques (liste non-exhaustive) :

“La stratégie de décarbonation de notre organisation contribue à l’atteinte des objectifs internationaux de neutralité carbone à horizon 2050

“Mon produit a été conçu et fabriqué de façon à avoir une empreinte carbone plus faible qu’auparavant, ce qui s’inscrit dans la trajectoire nationale d’atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050, comme établi dans la SNBC.”

“Depuis plus de 15 ans, le groupe XYZ s'engage activement à rendre ses activités plus durables sur le plan climatique. Conscient de l'urgence à agir contre le changement climatique, l'ensemble de ses opérations s'inscrit dans une stratégie ambitieuse visant à réduire les émissions de GES. Cette démarche est complétée par une politique de compensation des émissions restantes, dans le but de contribuer à l'objectif de neutralité carbone fixé par l'Union européenne pour 2050.“

“L’organisation met en place certaines actions pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et contribue à la neutralité carbone planétaire via l’achat de crédits carbone/le financement de projets vertueux en dehors de sa chaîne de valeur. Plus de détails sur notre site internet”

Exemples de non-conformités ou de formulations à éviter (liste non-exhaustive) :

“Mon produit et mon entreprise sont neutres en carbone”

Une initiative régionale “Communes neutres en carbone”

Un producteur tech annonce un nouveau modèle de montre “neutre en carbone”

“Mon produit contribue à la neutralité carbone car en l’achetant vous plantez 1 arbre”


⁵ Terme défini dans la partie « Location-based / Market-based »

Last updated